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Chères mauvaises herbes : le chiendent


Chères mauvaises herbes... le chiendent
Aujourd'hui, le chiendent. Tout le monde le connait puisqu'il se développe très bien et très rapidement dans nos jardins en ce moment ! Apprenons un peu à connaître cette plante difficile à désherber.


 Carte d'identité 

Nom courant : chiendent. Celui de nos jardins, le plus répandu, est appelé "chiendent officinal". Son nom lui vient du fait que les chiens, mais aussi les chats et autres animaux, aiment à le manger pour se purger ou quand ils se sentent malades.
Surnoms : herbe de charlatan, mèche de chandelle, remord de conscience.
Nom scientifique : Elytrigia (ou Agropyron) Repens
Classe : plante herbacée vivace de la famille des graminées
Souche : rhizomes blancs ou jaunâtres épais à pointe dure
Feuillage : longues, étroites et planes, finement nervurées sur la face supérieure et lisses en-dessous
Inflorescence : épis longs de 5 à 20 cm, contenant 4 à 5 fleurs, aux épillets disposés en alternance sur l'axe



 Un statut de mauvaise herbe... 


● Une propagation rapide

Le chiendent est rampant et se propage par rhizomes. Blancs à pointes dures, ils sont capables de traverser une pomme de terre ! Ses racines s'enchevêtrent et concurrencent de nombreuses cultures.
De plus, même si elle préfère les sols lourds aux sols légers (qu’elle investit néanmoins), cette plante s’adapte à tous types de sols.


● Un désherbage difficile

Selon certaines études, un plant de chiendent pourrait produire jusqu'à 154 mètres de rhizomes et 206 nouvelles pousses ! Le chiendent adulte peut mesurer de 40 cm à 1 m de hauteur. Ses racines coriaces, nombreuses et traçantes, ainsi que la profusion de son feuillage en font donc une plante difficile à désherber, à moins de la surveiller étroitement et régulièrement.



 ... mais un rôle à jouer. 


● En nutrition

Pendant la première guerre mondiale, en Allemagne, les graines et les rhizomes étaient utilisés pour produire une farine nourrissante (recette plus bas), au même titre que le blé ou autres grains, et ainsi fabriquer du pain de chiendent, bien apprécié en temps de disette. Avec le lait, ou de l’eau et du beurre, la farine de chiendent ferait - selon un manuel du boulanger et du négociant en grains, daté du XIXème siècle - une très bonne bouillie sucrée. Elle peut également servir pour épaissir les sauces.

Hachées et grillées, les tiges souterraines peuvent aussi servir à fabriquer un substitut de café.

Le sucre que les rhizomes renferment en petite quantité explique également qu'elles aient été à la base d'un alcool, paraît-il d'excellente qualité, et qu'on puisse en faire une sorte de bière agréable, économique et saine (recette plus bas).


● En phytothérapie

Riche en silice, potassium et autres minéraux, le chiendent a aussi trouvé de tout temps des usages en médecine naturelle. Dans les racines, on trouve un principe actif (la triticine) et un sucre (le mannitol), qui font du chiendent un bon allié diurétique, rafraîchissant, et apaisant (recettes plus bas). Contre les problèmes urinaires, le rhumatisme, la goutte, les cystites, les affections rénales, etc... On l’utilise également comme remède (recettes plus bas)contre les maladies de peau et comme calmant.


● Au jardin

La recherche montre que le chiendent est une des plantes les plus efficaces pour récupérer les éléments nutritifs, comme l'azote.

Il semblerait également qu’un des composants de la racine de chiendent ait un effet mortel sur les limaces et les larves de moustiques.  Pourquoi ne pas tenter l’utilisation des rhizomes en purin, macération, décoction ou infusion afin de vérifier cela ?

Enfin, personnellement au jardin, je laisse le long de la clôture une bande contrôlée de chiendent (sans épis pour éviter la propagation par graines). Cela me permet d’habiller la clôture de façon verdoyante, tout en coupant un peu le vent et en gardant une part d’humidité au sol, susceptible d’abriter plus d’insectes et petites bêtes, utiles au jardin.



 En pratique ! 


● Se nourrir

Les rhizomes frais sont comestibles. On peut également les utiliser séchés (séchage au four) après les avoir nettoyés et conservés à l’abri de l’air (pour éviter les vers), et les moudre.

RECETTE : farine de chiendent
Moudre finement les grains issus des épis de chiendent, à la main (avec un pilon) ou mécaniquement (u moulin à farine, ou au moulin à café, moins onéreux).

RECETTE : infusion de chiendent (pour 500ml)
Nettoyer 10 rhizomes moyens et les couper en tronçons assez courts.
Les faire infuser, dans une théière couverte, avec 2 tasses d’eau bouillante.
Servir comme le thé, avec du miel ou du jus de citron.

RECETTE : bière de chiendent
Dans un récipient assez grand ouvert, mettez 5 kg de rhizomes bien lavés et hachés, et arrosez-les d'eau tiède pour les maintenir humides, sans les recouvrir. Au bout de quelques jours, les fragments développent des pousses blanches ; quand elles ont atteint 1 cm, vous versez le chiendent dans un baril avec 1 kg de baies de genévrier concassées, 60 g de levure de bière et 2 kg de sucre ; arrosez le tout avec 8 litres d'eau chaude et agitez bien avec un bâton ; le lendemain, ajoutez encore 8 litres d'eau chaude en remuant; refaites l'opération le troisième jour, en ajoutant 9 litres d'eau. Fermez alors le tonneau en laissant un petit trou d'aération et laissez reposer une semaine. Au bout de ce temps, soutirez dans un tonneau propre; deux jours après, la bière est prête à être consommée. 


● Se soigner

Contre la grippe : associé à la bourrache et à la fleur de tournesol (infuser 1 cuillère à soupe d’un mélange bourrache / fleur de tournesol dans 1 tasse de décoction de chiendent - à boire chaud, sucré au miel, à raison de 3 tasses par jour).

Contre les calculs (biliaires, urinaires, ...) : en association utile avec la bruyère, la pariétaire et la prêle, favorise leur élimination.

Contre les coliques néphrétiques et hépatiques, les cystites, les inflammations intestinales et urinaires : en décoction, 1 litre par jour, à boire dès les premiers symptômes de la crise.

RECETTE : décoction de chiendent, à âcreté réduite
Faire bouillir 30 g de chiendent pendant 1 mn dans une quantité d'eau suffisante. Jeter cette eau. Ecraser les rhizomes et les remettre à bouillir dans 1 litre 1/4 d'eau jusqu'à réduction à 1 litre. A la fin de l'ébullition, ajouter 8 g de réglisse.


● S’en débarrasser au jardin

Malgré toutes les utilisations possibles, l’expansion du chiendent se doit d’être limité, car il est très envahissant. Il n’y a pas de recette miracle, mais quelques trucs vous permettront de lutter.

Ce qu’il ne faut pas faire :
- utiliser un désherbeur thermique, qui semble stimuler la production de nouvelles tiges
- utiliser d’un engin rotatif de type motoculteur, car quelques centimètres de rhizomes suffisent à créer un nouveau plant
- utiliser du désherbant chimique de type Round-Up, qui n’en vient pas forcément à bout et qui de plus pollue le sol et les produits de nos jardins

Prévenir :
- ne pas négliger son tas de compost en y mettant les rhizomes fraîchement extraits, mais les laisser sécher en surface ou les faire pourrir dans un sac plastique noir fermé
- éviter les infestations en semant un engrais vert nettoyant comme le sarrasin (en culture d’été) ou le seigle associé à la vesce (en culture d’hiver)
- transformer les bordures de la zone à préserver en barrières infranchissables maçonnées ou en feutre anti-racines, à 30 cm de profondeur sans interstices
- recouvrir les allées de 5 cm d’écorce de pin ou de broyat de bois
- surveiller de près les zones particulièrement infestées de jeunes pousses et ôter les rhizomes tant qu’il est encore temps


Agir :

- Semer d’autres plantes
Dans les zones déjà sujettes à l’envahissement, semer des plantes couvre-sol qui freinent la croissance du chiendent et préviennent son étalement, des plantes maraîchères faisant beaucoup d’ombrage (cucurbitacées) ou celles que l’on peut sarcler facilement (maïs sucré, tomates, crucifères).

- Enlever les racines
Lorsque la terre a été ameublie, un peu après la pluie, à l'aide d'une griffe de jardin, d’une gouge à asperge, d’un croc,  ou d'une grelinette, les rhizomes peuvent être remontés à la surface, puis retirés. Prévoir un second passage pour bien casser toutes les mottes et être sûr d’attraper toutes les racines. A la min, lorsqu’il n’y a que quelques plants, il est possible de les extraire d’une terre ameublie ou retournée en les tirant vers le côté et non vers le haut (les racines risqueraient de casser).

- Recouvrir la zone d’un paillis
Pendant une saison ou deux, il est possible de recouvrir une zone bien envahie d’une plastique opaque, qui fera disparaître sans trop d’efforts le chiendent. On peut également procéder par solarisation, en plaçant un plastique transparent sur la zone à nettoyer, 6 semaines durant la période la plus chaude de l’été (le chiendent n’aimant pas la chaleur) et en prenant soin de bien fermer les bords.



En espérant que le chiendent vous paraisse moins maintenant comme une mauvaise herbe, inconnue et envahissante, et dont on voudrait bien se débarrasser sans comprendre pourquoi ni comment. A bientôt !


Fleur

2 commentaires:

  1. Merci beaucoup pour tous ces merveilleux renseignements. Vaut mieux s'en faire un allier et apprendre à utiliser toutes ses forces !!!
    france de Rimouski, Québec :o). xoxox

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  2. En effet ! Mieux connaitre pour apprendre à mieux maîtriser, même si ce n'est pas toujours évident :) !

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